Jim Morrison, Jean-Yves Reuzeau

The inevitable subjectivity of a biography may be more than positive. This is the case of the one dedicated to The Doors singer, Jim Morrison, written by Jean-Yves Reuzeau, for whom this book is not a first attempt. The author has the merit, apart from writing, to present Jim Morrison as the poet he was throughout his short and loneliness life. It would have been easy to focus on the “showman” pointing first and foremost judicial setbacks that precipitated his fall, many pitfalls that the author escapes. The poet first of all, to whom, from an early age, “reading stands out as a consuming passion”. He was not twenty years old when he found out Kerouac, Ginsberg, the pre-Socratic philosophers. But he will quickly prefer the poets like Rimbaud and William Blake. The visionary side of the French poet fascinated him for a long time, into his songs. He defined himself as a “word man”, probably the most important aspect we should also remember about Jim Morrison. The Doors lyrics are all poems, often incantatory, he set to music with the band. Along with poetry, the singer of the Doors is also fond of cinema, and especially French cinema. His references, shared with many other students at UCLA, are Godard, Truffaut, Fellini and John Cassavetes. The New Wave is emulated in the USA and Jim Morrison will do everything for his film projects lead, for which the assistance of Jacques Demy and Agnes Varda is required. Jim Morrison also ran off a real loneliness that seems to be explained by different events in his childhood. First of all, the accident which he witnessed at the age of four years old, during which several Indians Sandia Pueblo tribe lose their lives. The child he was, petrified at the sight of bleeding bodies, sitting in the back seat of his father’s car. Many of his texts bear the mark of this scene, and the allusion is even more accurate in Peace Frog, on the album Morrison Hotel. The accident occured in December 1947. Another determining factor it is facing in his adolescence, racism plagued George Washington High School which will admit its first black student in 1961. “Witness of racism and segregation, Jim observes the white bourgeoisie obnoxiously arrogant in her convictions.” This bourgeoisie, which includes his family (his father was a military who obtained some rank quickly) will be at odds with the world he built with Nietzsche, Kafka, Camus and many others, and he will not cease to fight with blows of words and concerts where the provocation lead him to trial and exile in France. His rebellion against authority, his love of words characterize the one that has revolutionized rock music, who dared to make the scene an area of ​​freedom, who did not hesitate to declaim poetic texts during his shows. Thereby he said: “I’ve always been attracted to ideas that were about revolt against authority. When you make your peace with authority, you become authority.”

Guy Donikian

L’inévitable subjectivité d’une biographie peut s’avérer plus que positive. C’est le cas de celle consacrée au chanteur des Doors, Jim Morrison, par Jean-Yves Reuzeau, pour qui cet ouvrage n’est pas un coup d’essai. L’auteur a le double mérite, outre l’écriture, de présenter Jim Morrison comme le poète qu’il fut tout au long de sa courte vie et comme une réelle et profonde solitude. Il eût été facile de mettre l’accent sur la « bête de scène », de montrer d’abord et avant tout les déboires judiciaires qui vont précipiter sa chute, autant de pièges auxquels l’auteur échappe. Le poète tout d’abord, celui à qui, dès le plus jeune âge, « la lecture s’impose comme une passion dévorante ». Il découvre très tôt Kerouac, Ginsberg, les philosophes présocratiques le passionnent alors qu’il n’a pas vingt ans. Mais ce sont les poètes qui auront rapidement sa préférence, comme Rimbaud et William Blake. Le côté visionnaire du poète français le retiendra longtemps, jusque dans ses chansons. Lui-même se définissait comme « un homme de mots », sans doute l’aspect le plus important qu’il faille aussi retenir de Jim Morrison. Tous les textes des chansons des Doors seront des poèmes, incantatoires souvent, qu’il met en musique aves le groupe. Parallèlement à la poésie, le chanteur des Doors est aussi épris de cinéma, et surtout de cinéma français. Ses références, partagées avec de nombreux autres étudiants de l’UCLA, sont Gogard, Truffaut, Fellini ou encore John Cassavetes. La nouvelle vague fait des émules aux USA, et Jim Morrison fera tout pour qu’aboutissent ses projets cinématographiques pour lesquels le concours de Jacques Demy et Agnès Varda sera sollicité. Jim Morrison fut aussi une réelle solitude qui semble s’expliquer par différents événements survenus dans son enfance. Cet accident tout d’abord, dont il est témoin à l’âge de quatre ans, au cours duquel plusieurs Indiens de la tribu Sandia Pueblo perdront la vie. L’enfant qu’il était reste pétrifié à la vue des corps ensanglantés, assis sur le siège arrière de la voiture du père. Nombre de ses textes portent la marque de cette scène, et l’allusion est plus précise encore dans Peace Frog sur l’album Morrison Hotel. L’accident a eu lieu en décembre 1947. Autre facteur déterminant auquel il est confronté dans son adolescence, le racisme, qui sévit dans le lycée George Washington qui n’admettra son premier lycéen noir qu’en 1961. « Témoin du racisme et de la ségrégation, Jim observe une bourgeoisie blanche odieusement arrogante dans ses certitudes ». Cette bourgeoisie, dont fait partie sa famille (son père est un militaire qui obtient rapidement du grade), sera aux antipodes de l’univers qu’il se construit avec Nietzsche, Kafka, Camus et beaucoup d’autres, et il n’aura de cesse de la combattre à coups de mots et de concerts où la provocation le dispute à l’énergie, provocation qui lui vaudra des procès et son exil en France. Sa révolte contre l’autorité, son amour des mots caractérisent bien celui qui a révolutionné le rock, qui a osé faire de la scène un espace de liberté, qui n’a pas hésité à déclamer lors de concerts ses textes poétiques. Ainsi déclara-t-il : « j’ai toujours été attiré par tout ce qui parlait de révolte contre l’autorité. Celui qui se réconcilie avec l’autorité se met à en faire partie ».

Guy Donikian

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